Un mois après les expulsions brutales et
scandaleuses de trois squats solidaires à Thessalonique(1), un nouvel
événement vient de se produire et n’est peut-être pas une coïncidence.
CE MATIN À EXARCHEIA, ATTAQUE
INCENDIAIRE DU SQUAT NOTARA26, HÉBERGEANT DES RÉFUGIÉS DONT BEAUCOUP
D’ENFANTS : À QUI PROFITE LE CRIME ?
Ce matin, à l’aube, l’un des principaux
squats solidaires d’Athènes vient de brûler dans des conditions
particulièrement suspectes.
Ce squat s’appelle Notara 26 (nom de la
rue et numéro de porte) et occupe l’immeuble de l’ancien ministère du
Travail qui, comme d’autres ministères, a quitté le quartier rebelle
d’Exarcheia ces dernières années, à l’instar des banques qui ont
également déserté le périmètre.
Ce fleuron du mouvement social athénien
offrait gratuitement de la nourriture, une centaine d’hébergement, des
espaces de jeux, du matériel pédagogique, des vêtements et des soins
médicaux aux réfugiés et migrants. Depuis sa création, le projet était
soutenu par le film solidaire « Je lutte donc je suis ». Petite visite
des lieux en photos :
http://blogyy.net/2016/05/08/film-solidaire-nouvelle-action-a-exarcheia
http://blogyy.net/2016/05/08/film-solidaire-nouvelle-action-a-exarcheia
L’incendie s’est produit aux alentours
de 6h du matin et a été définitivement éteint vers 9h. Il n’y a pas de
blessé, mais les dégâts sont immenses. Parmi les nombreuses affaires
brûlées, nos camarades et compagnons ont retrouvé beaucoup des jouets et
des livres que vous nous aviez aidés à collecter au printemps(2). Nous
ferons donc une nouvelle collecte cet automne, avec Maud et nos ami-e-s
du collectif solidaire Anepos, à l’occasion de nos prochains
déplacements : matériels médical et pédagogique, puériculture, soins et
compléments alimentaires pour nourrissons, livres et jouets.
Évidemment, les MAT (CRS) en ont
aussitôt profité pour s’introduire en grand nombre dans la zone, malgré
les insultes de la foule sur place.
Cet incendie d’origine criminelle,
provoqué par des bonbonnes de gaz, est manifestement l’œuvre de
militants du parti néo-nazi Aube dorée. Ceci n’est pas nouveau, excepté
l’ampleur des dégâts. Cependant, il est important de situer cet acte
politique dans un contexte de connivences toxiques avec l’État policier
depuis plusieurs années et de préciser les objectifs de ce dernier
actuellement.
En effet, de nombreux lieux autogérés
ont été détruit de cette manière ces derniers mois. Les attaques
fascistes sous les yeux de la police immobile se comptent par dizaines.
Voici quelques exemples :
– Eté 2013 au Pirée et dans l’ouest d’Athènes : plusieurs attaques fascistes à coups de barres de fer et de poings américains contre des syndicalistes colleurs d’affiches sous les yeux de la police présente sur place et complètement immobile à la stupeur des témoins ;
– Été 2013 dans le quartier d’Ilioupoli à l’est d’Athènes : destruction totale de l’espace social libre Synergeio (3) par une centaine de fascistes sous les yeux de 4 voltigeurs de la police, les tristement célèbres Delta, comme le prouvent de nombreuses photos(4).
– Septembre 2013 à Keratsini, au sud-ouest d’Athènes : assassinat du rappeur antifasciste Pavlos Fyssas par un militant d’Aube dorée, sous les yeux d’une dizaine de policiers immobiles avec lesquels il discutait avant le meurtre selon les témoins, comme le rappellent plusieurs enregistrements indéniables(5).
– 2010 à 2016 partout en Grèce : nombreuses participations de militants d’Aube dorée à la répression policière des manifestations anarchistes ou antifascistes(6), notamment fin septembre 2013 au Pirée à plusieurs reprises (après l’assassinat de Pavlos), les 6 décembre 2010, 2012, 2013 et 2015, le 18 septembre 2015, en février et octobre 2012, ou encore, durant plusieurs manifs du printemps 2016.
– automne 2015 et hiver 2016 dans l’est de la mer Egée : attaques fascistes contre plusieurs accueils autogérés de migrants rescapés de la terrible traversée, sous les yeux de la police immobile. Ce problème servira même d’argument (parmi d’autres) au gouvernement pour multiplier les camps fermés gérés uniquement par l’Etat et l’union européenne et bannir progressivement toutes les initiatives du mouvement social (d’abord dans les îles, puis à Thessalonique et maintenant, peut-être, à Athènes).
– Eté 2013 au Pirée et dans l’ouest d’Athènes : plusieurs attaques fascistes à coups de barres de fer et de poings américains contre des syndicalistes colleurs d’affiches sous les yeux de la police présente sur place et complètement immobile à la stupeur des témoins ;
– Été 2013 dans le quartier d’Ilioupoli à l’est d’Athènes : destruction totale de l’espace social libre Synergeio (3) par une centaine de fascistes sous les yeux de 4 voltigeurs de la police, les tristement célèbres Delta, comme le prouvent de nombreuses photos(4).
– Septembre 2013 à Keratsini, au sud-ouest d’Athènes : assassinat du rappeur antifasciste Pavlos Fyssas par un militant d’Aube dorée, sous les yeux d’une dizaine de policiers immobiles avec lesquels il discutait avant le meurtre selon les témoins, comme le rappellent plusieurs enregistrements indéniables(5).
– 2010 à 2016 partout en Grèce : nombreuses participations de militants d’Aube dorée à la répression policière des manifestations anarchistes ou antifascistes(6), notamment fin septembre 2013 au Pirée à plusieurs reprises (après l’assassinat de Pavlos), les 6 décembre 2010, 2012, 2013 et 2015, le 18 septembre 2015, en février et octobre 2012, ou encore, durant plusieurs manifs du printemps 2016.
– automne 2015 et hiver 2016 dans l’est de la mer Egée : attaques fascistes contre plusieurs accueils autogérés de migrants rescapés de la terrible traversée, sous les yeux de la police immobile. Ce problème servira même d’argument (parmi d’autres) au gouvernement pour multiplier les camps fermés gérés uniquement par l’Etat et l’union européenne et bannir progressivement toutes les initiatives du mouvement social (d’abord dans les îles, puis à Thessalonique et maintenant, peut-être, à Athènes).
Depuis trois semaines, plusieurs membres
de l’assemblée d’Exarcheia pressentaient sérieusement un risque
d’attaque des squats solidaires athéniens, sur le modèle de l’attaque
planifiée par l’Etat policier à Thessalonique ou sous une autre forme,
en invoquant éventuellement le prétexte de l’insécurité et des tensions
avec les fascistes. Parmi d’autres, Mimi de Notara 26 et Babis(7) de la
structure autogérée de santé d’Exarcheia étaient inquiets et méfiants.
Ce qui vient de ce passer à Notara 26 ressemble étrangement à ça :
l’utilisation des liens fascistes/police pour semer la zizanie,
endommager l’un des principaux squats solidaires, envoyer en masse les
CRS et développer un discours politique sur l’insécurité de ces lieux et
la « nécessité d’étatiser » l’accueil des réfugiés et migrants à
Athènes, à l’instar de la déportation vers les camps à Thessalonique et
dans la mer Egée.
Suite à l’accord Union
européenne-Turquie et à la volonté de l’Etat grec de reprendre en main
le problème des réfugiés, on observe partout une amplification du
harcèlement contre les initiatives solidaires et autogérées du mouvement
social, à la fois de la part de la police (dont 50% des membres votent
pour le parti néo-nazi Aube dorée, surtout parmi les CRS) et de la part
des groupes fascistes qui fonctionnent souvent comme des auxiliaires de
police, comme on vient de le rappeler. Pour résumer, quand la police a
un sale boulot à faire, il est fréquent qu’elle le confie à ses petits
copains néo-nazis. Selon plusieurs témoignages, il y aurait même des
enveloppes discrètes (fakella) à cet effet, pour les remercier de leurs
services nauséabonds.
Pour finir, non seulement l’incendie du
Notara 26 se situe un mois après l’expulsion des squats solidaires de
Thessalonique, mais il intervient surtout au meilleur moment pour
frapper leurs homologues à Exarcheia, car il n’est un secret pour
personne que le quartier rebelle d’Athènes est au ralenti, chaque année,
durant la deuxième moitié du mois d’août(8), donc beaucoup plus
vulnérable.
C’est pourquoi, une question brûlante se
pose depuis ce matin : doit-on s’attendre à d’autres attaques fascistes
ou même à des actions de police dans les jours qui viennent au cœur
d’Athènes ?
La vigilance est de mise. Beaucoup de
camarades et compagnons appellent les absents à revenir dès que
possible. Les deux semaines à venir seront décisives. Plusieurs
assemblées seront réunies d’urgence ce soir, dont celle du Notara 26
avec ses soutiens à 17h.
Yannis Youlountas
(1) Chronologie en 8 articles de ce qui s’est passé, il y a un mois, dans le nord.
L’attaque des squats solidaires de Thessalonique :
http://blogyy.net/2016/07/27/tsipras-attaque-les-squats-videos/
La riposte du mouvement social :
http://blogyy.net/2016/07/27/riposte-le-siege-de-syriza-thessalonique-occupe/
La contextualisation politique des faits :
http://blogyy.net/2016/07/28/syriza-jusquau-bout-de-labject
Le rassemblement des opposants dans la campagne voisine le week-end suivant :
http://blogyy.net/2016/07/30/festival-je-lutte-donc-je-suis-a-thessalonique
La mort d’une jeune réfugiée syrienne, peu après, dans l’un des camps voisins :
http://blogyy.net/2016/07/29/tsipras-la-honte/
La grève de la faim des réfugiés :
http://blogyy.net/2016/08/07/greve-de-la-faim-des-refugies-en-grece/
L’appel à la solidarité internationale :
http://blogyy.net/2016/08/04/s-o-s-thessalonique/
La lettre ouverte à Tsipras des expulsés du squat solidaire Nikis :
http://blogyy.net/2016/08/07/lettre-ouverte-a-alexis-tsipras-et-a-son-gouvernement/
http://blogyy.net/2016/04/12/le-convoi-se-prepare
(3) Juste avant sa destruction par les fascistes, Synergeio était présenté dans le film « Ne vivons plus comme des esclaves » entre la 22ème et la 27ème minute :
https://www.youtube.com/watch?v=rpqk24qvoR4
(4) L’une des photos confirmant la présence des voltigeurs de la
police (au fond) surveillant immobiles, du début à la fin, toute
l’action de destruction des fascistes à motos qui ne se cachent même pas
:
https://athens.indymedia.org/media/old/bo1jcgaciaix7bo.jpg_large.jpeg
https://athens.indymedia.org/media/old/bo1jcgaciaix7bo.jpg_large.jpeg
(5) Extrait de « Je lutte donc je suis » rappelant la complicité
police/Aube dorée dans le meurtre de Pavlos Fyssas (début de l’extrait) :
https://www.youtube.com/watch?v=MlvB-y_QHBA
https://www.youtube.com/watch?v=MlvB-y_QHBA
(6) Parmi les très nombreuses preuves en images de la présence de la complicité police/Aube dorée : https://antichainletter.wordpress.com/alter-xa-elas-rousopoulos/
(7) En mai dernier, Babis témoignait déjà du harcèlement policier qui commençait à s’amplifier :
http://blogyy.net/2016/05/09/quelques-compagnons-de-lutte-a-exarcheia/
http://blogyy.net/2016/05/09/quelques-compagnons-de-lutte-a-exarcheia/
(8) L’été est la saison où il y a le plus de petits boulots pour les
nombreux précaires, dans les îles comme sur le continent : tourisme,
agriculture… Au mois d’août, il y a aussi des embauches de quelques
semaines pour remplacer une partie de ceux qui prennent leurs congés.
Bref, le mois d’août, surtout vers son terme et jusqu’à la rentrée
scolaire, mi-septembre, est une période de ralentissement dans les
mouvements sociaux.
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