Déclaration internationale de la Marche Mondiale des Femmes
Berta Cáceres, militante indigène, représentante
pendant plus de 20 ans le Conseil Civique des Organisations Populaires
et Indigènes du Honduras (Copinh), a été assassinée aux premières heures
du matin chez elle, à La Esperanza, Intibucá, à quelques 188 km de
Tegucigalpa, par des « inconnus » armés.
Berta Cáceres a non seulement défendu avec énergie
les droits du mouvement paysan et indigène du Honduras, mais elle a été
aussi une remarquable militante sociale, influente au niveau régional et
continental dans sa lutte pour la justice sociale et environnementale,
qui s’est particulièrement illustrée dans la résistance, aux
méga-projets miniers et aux grands barrages hydroélectriques.
Ayant clairement identifié les Traités de libre
échange comme l’un des mécanismes qui assure l ?impunité des
multinationales, Berta a mené un combat pour la santé, la terre, contre
le patriarcat et la violence. Elle s’est opposée au coup d ?Etat du 28
juin 2009, qui, pour la COPINH, a mis la violence au service des
multinationales pour faciliter le pillage des biens communs et de
répression des organisations sociales de l’opposition. Elle n’a jamais
cessé de surcroît de réaffirmer son opposition à l’installation de
bases militaires nord-américaines sur le territoire Lenca.
En avril 2015 Berta Cáceres a reçu le prix Goldman,
l’un des prix internationaux les plus prestigieux en matière
d ?environnement, qui lui a été décerné pour sa participation à la
défense du territoire Lenca, menacé par les impacts -et la violence- de
la construction du projet hydroélectrique Agua Zarca par la
multinationale chinoise SINOHYDRO et l’entreprise hondurienne DESA
(Développement énergétique SA). Cela fait des années que le peuple Lenca
dénonce la violation de son droit à l’eau comme source de vie et de
culture face aux harcèlements qu’il subit de la part des entreprises,
des paramilitaires et du gouvernement.
Berta Cáceres était une mère de famille et faisait
l’objet de mesures préventives de la Commission Interaméricaine de
Derechos Humanos (CIDH) qui devaient lui assurer une protection spéciale
de la part du gouvernement hondurien. Malgré cela, Berta a été
assassinée par un Etat qui protège les intérêts du capital local, des
multinationales qui veulent accaparer les territoires et les biens
communs. Son combat pour la vie des plus démunis l’a conduite à
plusieurs reprises devant les tribunaux, elle a été poursuivie et
menacée.
Cette dirigeante hondurienne a dénoncé à de
nombreuses reprises avoir fait l’objet de menaces de mort, dans un
contexte de violence généralisée : 111 militants écologistes ont été
assassinés au Honduras entre 2002 et 2014, selon le rapport « Combien
d ?autres ? » élaboré par l'ONG britannique Global Witness. Le Honduras
est le pays ayant l ?indice de violence le plus élevé des 17 pays
analysés dans ce rapport qui décrit l ?architecture de la violence et de
l ?impunité des grandes entreprises minières et du secteur
hydroélectrique, entre autres, en faveur du capital privé et avec la
complicité des gouvernements. Selon l ?ONG hondurienne ACI-PARTICIPA
(Association pour la participation citoyenne au Honduras), plus de 90%
des assassinats et violations des droits des défenseurs des droits
humains au Honduras restent non résolus
Nous exigeons du gouvernement du Honduras :
- Qu’il mette fin à l’impunité et enquête sur
l’assassinat de Berta Cáceres et de tous les camarades qui ont lutté
pour la justice sociale et l’environnement
- Que l’intégrité, la liberté et les droits humains
de Gustavo Castro de Soto et de Aureliano Molina, compagnon de Berta
Cáceres soient assurés
- L’arrêt de tous les projets dénoncés par les
défenseurs des droits humains, et notamment les projets hydroélectriques
Agua Zarca sur le Río Blanco et Blue energy sur le Río Cangel.
- Le gel des investissements et du financement versés
par les entreprises et les Institutions financières internationales
pour des projets menés en violation des droits humains et sans
consultation préalable, prévue dans l’article 169 de l’OIT.
- La cessation des poursuites y compris judiciaires
contre les défenseurs des droits humains qui doivent bénéficier de
mesures préventives de protection.
Nous présentons nos plus profondes condoléances à la
famille de Berta Cáceres, à tous ses camarades de lutte et au peuple
Lenca, après ces évènements effroyables.
Nous appelons les citoyens à se mobiliser et à
protester devant les Ambassades et consulats du Honduras à travers le
monde pour manifester leur réprobation de ce crime odieux et notre
exigence de justice
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