01/02/2018
En Iran, pendant une
dizaine de jours à partir du jeudi 28 décembre, la « révolte
des va-nu-pieds » s'est diffusée, sans leader ni mots d'ordre,
dans 142 villes de l'ensemble des 31 provinces.
Parmi les participants,
beaucoup de jeunes, de femmes, de personnes pauvres, protestant
contre leur misère économique, mais aussi contre l'emprise
étouffante de la théocrature régnante.
Alors que le précédent
mouvement de 2009 plaçait ses espoirs dans l'élection d'un
président « réformateur », cette fois les slogans
s'attaquaient à toutes les factions qui se partagent le pouvoir :
« À bas la dictature ! ». Ainsi voitures de
police, bâtiments publics, centres religieux, sièges des Bassidjis
(milices islamiques) ont été attaqués et parfois incendiés.
Les réformateurs du
président Hassan Rohani et les ultra-conservateurs du « Guide
suprême » Ali Khamenei, ont défendu la survie de ce régime
corrompu par une violente répression contre les « fauteurs
de troubles en guerre contre Dieu », faisant officiellement
21 morts et un millier d'arrestations, certainement beaucoup plus.
Des groupes anarchistes
étaient présents dans ces événements, notamment le « Cercle
Libre de Téhéran ». Mais le journaliste anarchiste
Soheil Arabi, s'il a pu envoyer
un texte pour soutenir les révolté-e-s et les encourager à
renverser le régime, n'y a pas participé directement puisqu'il est
derrière les barreaux de la prison d'Evin depuis novembre 2013. Il a
été accusé de « propagande contre l'État »,
« apostasie », « blasphème
contre le Prophète et insulte à la sainteté »,
pour avoir publié
des photos du soulèvement de 2009, caricaturé Khamenei, et posté
des articles sur internet.
Condamné
à mort par la Cour criminelle de Téhéran, sa peine à été
commuée en sept ans et demi d'incarcération. Le 23 septembre 2017,
il a entamé une grève de la faim : « Ici,
énoncer la vérité est interdit mais je suis un anarchiste et, pour
moi, il est interdit d'interdire. Ne me demandez pas de garder le
silence alors que le silence est la plus grande des trahisons. Je
veux être la voix de tous les libres penseurs enfermés : Mahmoud
Behshti-Langeroudi, Ali Shariati, Youssof Emadi, Arasch Manouchehr,
Mohamad-Ali Sadeghi, Sowada Aghasar et les autres amis enchaînés au
bloc 7. »
Le 24 janvier, Soheil a
entamé une seconde grève de la faim en solidarité avec deux
prisonnières politiques Aténa Daémi et Golrokh Ebrahimi. Ses
geôliers l'ont transporté à la prison du Grand-Téhéran. Dès son
arrivée, il a reçu des coups de bottes et matraques sur le dos, le
visage et les pieds : « Ici ce n'est pas Evin. C'est
le bout du monde, l'enfer. Ta grève de la faim ne sert à rien et
personne ne t'entendra ».
La Fédération
anarchiste l'a entendu et utilisera ses moyens, tels Le Monde
Libertaire et Radio Libertaire,
pour que Soheil Arabi et plus
largement les prisonniers en Iran, soient soutenus et libérés.
La
Fédération Anarchiste
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire