Début
février notre ministre de la santé, Agnès Buzyn, accompagnée du
premier ministre, annonçait que le gouvernement allait lancer un
grand plan de «modernisation» de l’hôpital public. Le budget
alloué pour ce projet de sabotage du service public hospitalier
s'élève à 100 millions d’euros. Il faut rappeler que le
gouvernement, peu de temps avant mais en catimini cette fois,
annonçait une énième cure de rigueur budgétaire de 1,2 milliards
d’euros pour les hôpitaux. Agnès Buzin veut aussi accroitre la
médecine et la chirurgie ambulatoire (soins administrés sans
hospitalisation), à hauteur de 55% d’ici 2022 pour la première et
70% pour la deuxième, afin de fermer des lits et supprimer des
postes, alors que le nombre de personnel au sein des hôpitaux
publics est déjà nettement insuffisant. Le but est que l’hôpital
soit de moins en moins un service public et tende à devenir une
entreprise à but lucratif qui doit augmenter sa productivité et
faire du chiffre. Ces dernières années, a été imposé le «lean
management», une nouvelle forme d'encadrement qui prêtant faire
disparaître les soi-disant «temps morts». En réalité, ce temps
était, jusqu'à présent, consacré à la présence auprès des
patient-e-s. Il est donc clair que la priorité, pour le
gouvernement, n'est pas la qualité des soins administrés aux
patient-e-s, mais bel et bien la rentabilité financière.
Depuis
de nombreuses années, les gouvernements successifs, démantèlent
l’hôpital public :
- Suppression chaque année de plusieurs centaines de postes
- Fermeture de lits continuelle
- Création des ARS (agence régionale de santé ex ARH créée dans les années 2000) dont la mission est de surveiller et sanctionner les hôpitaux qui dépenseraient «trop d’argent»
- Mise en place de la T2A , «tarification à l’activité» (grille tarifaire de remboursement d’un acte de médecine, de chirurgie quel que soit le lieu de l’intervention). Pourtant, un acte ne coutera pas le même prix s'il est pratiqué à Paris, Perpignan ou Lille, ce qui, de fait, met les hôpitaux de certaines régions davantage en déficit que d'autres, et sont donc sanctionnés par l’ARS pour «mauvaise gestion» qui impose des coupes budgétaires pour palier à ce même déficit qu’elle a créée par la T2A. Suite à une tribune signée par plusieurs centaines de médecins demandant sa suppression, et aux mouvements de grèves qui prennent de l'ampleur dans les hôpitaux, le président a prétendu vouloir revoir la TA2 .
A
côté de cela, les pouvoirs publics encouragent le développement et
l’installation de nouvelles cliniques privées qui pratiquent la
surfacturation des soins à la charge des patient-e-s, alors que les
soins ne sont pas de meilleures qualités dans le privé que dans le
public. Ils sont même souvent, bien au contraire, de qualité
inférieure dans le secteur privé. Par exemple, à Lyon les
accouchements dans le secteur privé, sont surfacturé 500€ à la
charge des patientes. De plus, les établissements hospitaliers
privés ne pratiquent que les actes qui sont rentables pour eux
laissant les autres aux hôpitaux publics.
L’hôpital
public a la vocation de soigner toutes les personnes, quel que soit
leur revenu, leur situation administrative et leur pathologie. Mais
comment assurer cette mission d’utilité publique quand les
gouvernements baissent sans cesse les budgets alloués au service
public hospitalier, ferment des lits, suppriment des postes, gèlent
sans cesse les salaires (plus d’une année sur 2 depuis 20 ans) et
favorise le secteur privé qui fait de la santé une vulgaire
marchandise.
Le
gouvernement avait annoncé que tout allait changer, que les
« professionnels de la politiques » allaient laisser la
place à la soi-disant «société civile» qui serait plus apte à
diriger le pays connaissant mieux la «vie réelle». Notre ministre
de la santé, Agnès Buzyn qui, dès les premiers mois de son arrivée
au pouvoir, a mis en place les 11 vaccins obligatoires (3 auparavant)
n’est pas seulement une spécialiste en hématologie. Elle a
longtemps été très proche des grands groupes pharmaceutiques,
comme Novartis(1), pour lesquels elle a travaillé en tant
qu’experte. Elle a même fait partit des personnes qui ont
combattu l’obligation faîtes aux experts, après le scandale du
Médiator(2), de déclarer tout lien d’intérêts avec les
laboratoires. A ce propos, les "visiteurs médicaux", VRP
de l'industries pharmaceutiques auprès des professionnel-le-s de
santé en libéral, ainsi que des services hospitaliers privés et
publics appliquent des techniques commerciales agressives et
envahissantes pour imposer leurs nouveaux médicaments toujours
présentés comme plus «performants», mais qui sont, avant tout,
toujours plus chers, au détriment des patient-e-s et de la Sécurité
Sociale. Il y a encore peu de temps ces mêmes visiteurs, employés
des laboratoires, avaient le droit d'offrir des avantages en nature
(voyages, vacances, cadeaux, ...) aux médecins, chefs de services,
... pour leurs "bonnes commandes". Ces méthodes ont été
supprimées il y a peu mais ne nous leurrons pas, d'autres stratégies
pour récompenser les "bons acheteurs" ont vu le jour
(paiement de colloques dans de grands hôtels, de pots de départs /
de repas de jour de l'an fait par de grands traiteurs, ...).
Plusieurs milliards d'euros sont en jeu, donc tout est permis pour se
remplir les poches. Il est intolérable de voir un médicament passé
à moins de 5 € lorsqu'il tombe dans le domaine public alors qu'il
a couté plus de 900 € pendant ses 20 ans d'exploitation (durée
des brevets). L'objectif officiel de l'industrie pharmaceutique est
de soigner mais son but réel est de s'enrichir en rackettant la
Sécurité Sociale. Ceci explique l'intérêt de ces grosses
industries et laboratoires pharmaceutiques à placer, à tout prix,
des produits nouvellement brevetés. D'ailleurs, ces dernières
années dans les pharmacies et les hôpitaux certains médicaments,
peu rentables pour l'industrie, ont très souvent été en rupture
durant plusieurs semaines voire plusieurs mois, ce qui a obligé les
pharmacies et hôpitaux à acheter, en remplacement, d'autres
médicaments, nouvellement brevetés et donc beaucoup plus chers.
L'Etat, qui orchestre la mise à mort de l'hôpital public et le
démentellement de la Sécurité Sociale dissimule à peine sa
connivence avec l'industrie pharmaceutique.
La
colère gronde dans les services hospitaliers et pas seulement aux
urgences, les personnel-le-s des autres services aussi sont toujours
moins nombreu-ses-x et surchargé-e-s au détriment des patient-e-s.
Les retours sur repos sont monnaie courante, les plannings sont sans
cesse modifiés, les locaux et les matériels sont en piteux état.
Et les autorités annoncent encore leur volonté de «faire des
économies» en fermant des lits, en supprimant des centaines de
postes (encore 200 à Lyon pour 2018), en gelant les salaires pour
plusieurs années. L'injonction est de faire plus avec moins,
transformer le soin en une activité bassement rentable en le vidant
de son sens et traiter les patient-e-s comme de machines à réparer
et non plus comme des personnes dont la santé est un droit
fondamental.
Une
lutte a commencé aux Hospices Civils de Lyon depuis la mi-janvier
avec la grève illimitée à l’hôpital de Lyon Sud rejoints par
quasi toutes les urgences de Lyon. Espérons que ce ne soit qu’un
début car l'enjeu est très grave et la colère légitime.
Mobilisons-nous pour un autre hôpital public autre que celui de
l’argent !!
- Novartis a porté plainte le 7 août 2006 contre l'Inde au sujet de l'un de ses anticancéreux, le Glivec. L'Inde a refusé d'en breveter une formule améliorée, ce qui autoriserait de fait la fabrication de génériques de ce produit. En août 2007, la Haute Cour de Justice de Chennai rejette la demande du laboratoire. Le 11 septembre 2012, Novartis réitère son action contre la loi indienne sur les brevets. Le 1er avril 2013, la plainte est de nouveau rejetée.
- Médicament mis au point par les laboratoires Servier, présenté comme un antidiabétique mais surtout utilisé comme coupe-faim. Jacques Servier a été mis en examen, mardi 11 décembre 2012, pour "homicides et blessures involontaires" dans le cadre de la procédure menée par le parquet de Paris.
Le 16 novembre 2010, l'Afssaps
(Agence Française de Sécurité Sanitaire et des Produits de Santé)
estime à 500 le nombre de patient-e-s décédé-e-s et à 3 500 le
nombre d'hospitalisations à cause du médicament Servier, après une
étude portant sur une courte période. Une étude de l'Institut
national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) et de
l'épidémiologiste Agnès Fournier, portant elle sur la période
1976-2009 (début et fin de la commercialisation du Médiator) et
publiée en février 2012, chiffre le bilan à 1 300 morts et 3 100
hospitalisations, précisant qu'"il
s'agit vraisemblablement d'une sous-estimation".
Juste une étincelle noire - FA Lyon
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