« Le développement forcené actuel de l’énergie nucléaire est un choix irréversible que le capitalisme nous impose. De par son fonctionnement, sa nature, l’énergie nucléaire est la caricature d’un univers hiérarchisé, technocratisé, militarisé, ou nous n’intervenons en rien.
L’État ne respecte même plus sa propre légalité pour la construction des centrales nucléaires, l’ouverture des mines d’uranium, l’extension des usines de retraitement des déchets, etc. Le choix de l’énergie nucléaire, de par la concentration des moyens économiques, technologiques, humains, est l’occasion rêvée pour le capitalisme de pérenniser sa domination sur nos vies. Une centrale nucléaire, une fois construite, ne peut être détruite avant 20 ans. C’est ici qu’un moratoire limité apparaît clairement comme démagogique.Par ailleurs, le développement actuel des recherches sur l’énergie solaire, s’orientant vers de grosses unités de production, montre que l’intérêt du capital réside dans la concentration de l’énergie, pour garder le contrôle de sa redistribution. La lutte contre le développement de l’énergie nucléaire ne peut se cantonner dans l’opposition légaliste des partis et syndicats. De même, il est évident que les manifestations antinucléaires et écologiques ont révélé l’existence d’une contestation profonde de cette société sur les bases d’un refus de tout centralisme, toute hiérarchie, contre le travail salarié et la consommation à outrance, ces rassemblements ne peuvent suffire à stopper le pouvoir. Il est indispensable d’intensifier les actions de sabotage qui touchent directement le pouvoir dans ses intérêts économiques et permettent de retarder, voire de stopper la construction des centrales, mines, usines liées au nucléaire. Quoi qu’il en soit, le nucléaire n’est qu’un des aspects les plus apparents de l’exploitation généralisée du capitalisme qui ne peut être mis en échec que par l’auto-organisation des individus et par la prise en main de tous les aspects de notre vie quotidienne. »
Communique signe CARLOS, Libération du 22 novembre 1977
Samedi 16 juin aura lieu à Bar-Le-Duc une journée de contestation
contre le projet d’enfouissement de déchets radioactifs, autrement connu
sous le nom de projet CIGEO.
Ce projet de stockage de déchets radioactifs dans les sous-sols
meusiens et haut-marnais représente le dernier maillon de la chaîne que
constitue le complexe nucléaire français.
Les analyses qui démontrent la faillite écologique de ce projet sont nombreuses, nous n’y reviendrons pas dans ce texte. De même, il existe une littérature conséquente, qui pointe du doigt les errements, hasards, mensonges de l’Andra, l’institution en charge de la gestion des déchets radioactifs.
Les analyses qui démontrent la faillite écologique de ce projet sont nombreuses, nous n’y reviendrons pas dans ce texte. De même, il existe une littérature conséquente, qui pointe du doigt les errements, hasards, mensonges de l’Andra, l’institution en charge de la gestion des déchets radioactifs.
Pour l’État, l’enjeu est de taille. Premier parc nucléaire européen,
deuxième à l’échelle mondiale, la France a misée beaucoup sur
l’industrie nucléaire. En plus d’un demi siècle, ce moyen de production
énergétique est devenu l’un des piliers de l’économie nationale. Et il
concentre en son sein tout ce que le système actuel peut produire de
haïssable. De l’exploitation coloniale de populations d’Afrique de
l’ouest à la production d’armes nucléaires en passant par la croissance
industrielle, le maillage et le contrôle du territoire à travers des
infrastructures, les guerres préventives pour défendre les mines
d’uranium, le désastre écologique… La liste est longue de nos griefs
contre la société nucléaire.
Et pour mener à bien son projet, l’État ne lésine pas sur les moyens.
D’un côté, les régions directement concernées, choisies en grande
partie pour leur faible densité de population et pour leur précarité
économique, sont littéralement arrosées d’argent. Une officine émanant
de l’Andra, le GIP, dispose d’enveloppes très
conséquentes à répartir sur le territoire. Tout s’achète et se finance :
une nouvelle salle des fêtes, du matériel informatique pour une école,
une caserne de pompier, un éco-festival, des travaux de réaménagement
urbain… Pour mieux acheter le silence et les consciences.
De l’autre, le mouvement d’opposition au projet est durement réprimé. Depuis l’évacuation du bois Lejuc le 22 février dernier, les procès se sont succédés par dizaines. Plusieurs peines de prisons fermes ont été prononcées. L’interdiction de territoire est quasiment toujours requise par le procureur. Une enquête pour « association de malfaiteur », qualificatif désormais chéri par la magistrature, est en cours.
La formule est connue, l’État écrase, intimide, éloigne.
De l’autre, le mouvement d’opposition au projet est durement réprimé. Depuis l’évacuation du bois Lejuc le 22 février dernier, les procès se sont succédés par dizaines. Plusieurs peines de prisons fermes ont été prononcées. L’interdiction de territoire est quasiment toujours requise par le procureur. Une enquête pour « association de malfaiteur », qualificatif désormais chéri par la magistrature, est en cours.
La formule est connue, l’État écrase, intimide, éloigne.
Autant de raisons qui poussent à venir en Meuse participer à cette
semaine de résistance contre le projet Cigéo et tous ses promoteurs.
Le 16 juin à Bar-Le-Duc
Bar-Le-Duc est une petite ville de 15 000 habitants, chef lieu du département de la Meuse. Siège local du pouvoir.
Cela fait longtemps qu’il n’y a pas eu de manifestations anti-nucléaire dans cette ville. Il fut un temps où elles étaient plus récurrentes. La dernière remonte à 2005 et avait réunie 6 000 personnes.
C’est un pari que d’organiser cette journée à Bar-Le-Duc.
Cela fait longtemps qu’il n’y a pas eu de manifestations anti-nucléaire dans cette ville. Il fut un temps où elles étaient plus récurrentes. La dernière remonte à 2005 et avait réunie 6 000 personnes.
C’est un pari que d’organiser cette journée à Bar-Le-Duc.
Elle fait écho à plusieurs envies. Celle de sortir, pour un temps,
des faces à faces de plus en plus intenses autour de Bure. On se
souvient de la manifestation du 15 août 2017 lorsque sous une pluie de
grenade GLI-F4 une personne avait vu son pied
arraché. On se souvient du canon à eau dans un village de moins de cent
habitants. On se souvient des rencontres intercomités des 3 et 4 mars
dernier, lorsqu’une ligne de Gardes Mobiles s’étalant à perte de vue et
commandée par la préfète locale empêchait l’accès au bois Lejuc.
L’envie également, de déplacer la lutte au plus près des lieux de
pouvoir. Au pieds des décideurs, des fossoyeurs. L’année dernière, à la
même période, une manifestation était organisée à Saint-Dizier,
préfecture de la Haute-Marne, autre territoire impacté par le projet
Cigéo.
L’envie, enfin, de renouer avec des manifestations hétérogènes,
rejoignables, inclusives, joyeuses. Qui laissent la place à une
multiplicité des pratiques. Une manifestation que la population de
Bar-Le-Duc et d’ailleurs puisse investir.
A ce titre, nous pensons qu’il faut prendre en compte le contexte et le lieu dans lequel s’inscrit cette manifestation. Il ne s’agit pas de reproduire un 1er mai parisien. Les lieux de pouvoirs à travers lesquels s’incarnent le projet Cigéo à Bar-Le-Duc existent mais sont rares. Il faudra les dénicher.
A ce titre, nous pensons qu’il faut prendre en compte le contexte et le lieu dans lequel s’inscrit cette manifestation. Il ne s’agit pas de reproduire un 1er mai parisien. Les lieux de pouvoirs à travers lesquels s’incarnent le projet Cigéo à Bar-Le-Duc existent mais sont rares. Il faudra les dénicher.
Il y a fort à parier que la ville sera militariser. Il n’y a qu’à
voir l’ampleur du dispositif policier lors des derniers procès. Un bus,
une dizaine de camion, des patrouilles dans tout le quartier du
tribunal.
Une ville de cette taille est facile à quadriller. Face à ce mur répressif, il semble nécessaire de développer une intelligence collective à l’intérieur du cortège. De se parler. De ne pas cristalliser toute la tension dans un rapport de force inégalitaire. Même si, on le sait, dans ces moments, ce sont principalement les forces de l’ordre qui posent les conditions de l’affrontement.
Une ville de cette taille est facile à quadriller. Face à ce mur répressif, il semble nécessaire de développer une intelligence collective à l’intérieur du cortège. De se parler. De ne pas cristalliser toute la tension dans un rapport de force inégalitaire. Même si, on le sait, dans ces moments, ce sont principalement les forces de l’ordre qui posent les conditions de l’affrontement.
Au niveau logistique, un camping est prévu à Bar-Le-Duc pour tout le week-end, et des cantines prendront en charge les repas.
Une semaine autour de Bure
La matinée du dimanche 17 juin est consacrée aux rencontres entre les
différents comités. Avec la volonté de poursuivre les discussions et
projets qui ont pu être entamés lors du dernier week-end inter-comités les 3 et 4 mars dernier.
Ensuite, l’idée est de partir en convoi vers la zone de Bure. Pour le
deuxième acte de cette semaine de résistance. Tout le monde est plus
qu’invité à rester. Un concert aura lieu dimanche soir. Puis à partir du
mercredi 20 juin jusqu’au dimanche 24 juin, un certain nombre
d’ateliers et de discussions seront organisées.
Aller à Bure, c’est voir ce qui se passe concrètement sur le terrain.
Ce qui permet, entre autres, de mieux se projeter dans la lutte. C’est
aussi l’occasion de rencontrer et soutenir les compagnon-nes qui vivent
sur place, dans un territoire militarisé.
Enfin, cette semaine autour de Bure est pensée pour laisser la plus
grande place aux rencontres, discussions, initiatives. Les possibilités
d’agir sur place sont nombreuses.
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