Voici une lettre du compagnon anarchiste Lukáš Borl, inculpé 
pendant l’opération Fenix, qui a frappé des anarchistes de République 
Tchèque. Depuis, il est sorti de prison. Pour un aperçu global de ce 
qu’a été l’opération Fenix, lire le texte en dessous de la lettre du camarade.
*****
Dimanche septembre 4 septembre 2016, j’ai été arrêté par la 
police dans la ville de Most et incarcéré en préventive dans la prison 
de Litomerice.
Malheureusement, est arrivé ce que je ne voulais pas qui arrive ; 
cependant, je savais depuis longtemps que cela pouvait se produire à 
tout moment. Heureusement, je me suis préparé mentalement à une telle 
éventualité, ce qui me permet de gérer avec calme ce type de réalité 
désagréable, à laquelle je suis exposé en ce moment, tout comme le sont 
mes proches.
J’ai été capturé par ceux qui défendent la domination du Capital sur 
nos vies. Toutefois, cela ne change rien à ma volonté de continuer le 
long du chemin que j’ai choisi. Je continuerai à détruire et à créer. A 
lutter et à aimer. Je reste anarchiste, avec tout ce que cela signifie. 
J’ai décidé pour l’instant d’écrire quelques lignes à propos de ma 
détention. Dans peu de temps, je m’exprimerai certainement sur d’autres 
sujets que je considère importants.

Avant l’arrestation
Ce n’est un secret pour personne qu’à partir d’un certain moment j’ai
 choisi de « disparaître », car je craignais que la police prévoie de 
m’arrêter. J’ai exprimé mes raisons dans le texte « Disparition de la 
surveillance du pouvoir d’État » [à lire en anglais ici : 
https://lukasborl.noblogs.org/disappearing-the-state-control/ ], qui a 
été publié sur différents sites du mouvement anarchiste. Le choix que 
j’ai fait m’a permis de vivre caché et assez heureux pendant quelques 
mois. Je me suis déplacé librement et j’ai mangé de la bonne nourriture.
 Le monde entier est devenu ma maison et j’ai pu y trouver des havres 
d’existence sociale et culturelle.
Grâce au soutien émotif et matériel reçu, j’ai eu assez d’énergie 
pour continuer à me battre pour l’émancipation. J’avais connaissance des
 risques qui étaient associés à un tel choix, mais je n’ai jamais pensé 
arrêter et je ne le pense pas maintenant non plus. Se libérer de 
l’autorité de l’État et du capitalisme est un but tellement attrayant 
que ça m’est impossible d’en distraire mon attention. Même le fait que 
le pouvoir me menace de ses mains, ses bâtons ou ses prisons… Être 
anarchiste signifie pour moi voir chaque menace comme une conséquence 
inévitable de mon désir manifeste de liberté. Cela est lié à la vie 
quotidienne des rebelles. Un fait que je ne peux pas éviter, mais que je
 peux défier. Chose que je fais et que je continuerai à faire.
Les circonstances de mon arrestation 
La police m’a arrêté à Most, la petite ville où je suis né et où j’ai
 longtemps vécu. J’ai une partie de ma famille et beaucoup d’ami-es. A 
Most, au côté d’autres personnes, on avait fait vivre le centre 
« Ateneo » et on avait organisé une longue série d’événements liés au 
mouvement anarchiste. Bref, dans cette ville, je suis assez connu, et 
par les gens et par la police et les bureaucrates.
Certains jugeront « stupide » ma décision de venir dans cette ville 
pendant que j’étais sous le coup d’un mandat d’arrêt européen. Même si 
les personnes qui me sont les plus proches le pensaient, je ne les 
blâmerais pas. Parce qu’elles observent cela à partir d’une position 
différente de la mienne. Du coup, je conçois que certaines personnes ne 
comprennent pas les pensées et les actes de quelqu’un qui est en 
clandestinité depuis longtemps. La vie d’une personne en cavale est 
marquée par la séparation avec les personnes qu’elle aime et avec 
lesquelles, auparavant, elle était en contact strict et fréquent. C’est 
une des choses les plus dures à affronter pour une personne qui se 
trouve dans une telle situation. Trouver de l’argent, de la nourriture, 
un abri ou la sécurité sont, par rapport à cela, des tâches relativement
 faciles. Il y a deux façons d’affronter une telle séparation. Soit 
l’accepter passivement, ce qui signifie aussi s’exposer à la douleur et à
 une frustration infinie. Ou bien essayer de surmonter la séparation par
 des contacts occasionnels, ce qui, bien entendu, augmente de beaucoup 
le risque d’être capturé par la police. J’ai « instinctivement » choisi 
la deuxième option. Je savais ce que j’étais en train de risquer et ce 
que je pouvais perdre. Mais je savais aussi que dans l’isolement je 
pouvais perdre quelque chose de très important pour moi – les contacts 
avec les personnes auxquelles je tiens et qui tiennent à moi. C’est 
pourquoi j’ai décidé de venir à Most, en ayant conscience des risques.
Tout aurait pu bien se passer et j’aurais pu très prochainement me 
déplacer en lieu plus sûr ; cela n’était pas difficile et j’avais tout 
préparé avec soin. Mais, comme tout le monde le sait, dans la vie 
arrivent parfois des événements inattendus, qui ne peuvent pas être 
prévus ni évités. Dans de tels cas, la préparation, la volonté ou 
l’habilité n’aident pas. On est entraîné par les événements, sans être 
capable de les prévoir ou de les changer. C’est exactement ce qui m’est 
arrivé. Du coup, non seulement je n’ai pas pu voir mes proches, mais 
j’ai également été arrêté. Je n’expliquerai pas maintenant pourquoi et 
comment cela est arrivé. Je le ferai peut-être à l’avenir.
Déclarations de la police
Peu après mon arrestation, on m’a présenté un document qui 
officialisait ma mise en cause dans une affaire criminelle. J’ai décidé 
d’exercer mon droit au silence pendant toute cette procédure L’enquête 
est menée par la section de police pour la lutte contre le crime 
organisé (ÚOOZ).
 Ils m’accusent d’avoir fondé, supporté et promu un mouvement visant à 
la suppression des droits humains et des libertés. Selon l’ ÚOOZ,
 j’ai fondé le Réseau des cellules révolutionnaires (SRB), participé à 
certaines des actions du SRB et j’aurais écrit certains de ses 
communiqués, ainsi que publié ces derniers sur le site web « Asociace 
Alerta ». De plus, ils déclarent que j’ai perpétré une violation de la 
propriété et la dégradation de la propriété d’autrui, cela à quatre 
reprises. Deux fois lors d’incendies de voitures de police. Une fois 
lors de l’incendie de la porte d’un magasin. Et une par un tag sur la 
prison Ruzyne de Prague. Enfin, l’ÚOOZ m’accuse aussi de la campagne de boycott du propriétaire du restaurant de steaks « Rizkarna ».
J’ai étudié attentivement toutes ces accusations, pour trouver sur quelles bases l’ÚOOZ
 croit que j’ai mené ces actions. Honnêtement, cela m’a tranquillisé, 
parce que ces « preuves » sont un mélange de spéculations et 
d’évaluations de « pistes » qui, en réalité, ne prouvent pas ma 
participation à ces actions.
Défense
Cela est bien connu, je n’ai pas de sympathie pour le système 
judiciaire. Je le considère comme une partie des instruments répressifs 
du capitalisme, dont je suis un ennemi. J’ai néanmoins décidé d’essayer 
de me défendre au tribunal, au vu de la faiblesse des « preuves » que le
 ÚOOZ présente 
contre moi. Je me rends compte que ce choix signifie se battre sur le 
terrain de l’ennemi avec des armes limitées. Cela est la raison pour 
laquelle je n’ai pas des attentes exagérés ou des illusions sur le fait 
que le tribunal soit une institution indépendante qui puisse servir aux 
luttes d’émancipation.
Je me défendrai au tribunal, mais je reste toujours sur l’idée que la
 lutte anarchiste doit se baser en premier lieu sur la logique 
subversive de l’action directe plutôt que faire confiance à des 
instruments institutionnels de l’État et à des formes d’action 
indirectes (avec des représentant-es médiateurs-trices). Au vu de ce que
 j’ai dit et fait depuis des années, le type de lutte que je préfère est
 clair. Je continuerai à agir en accord avec cela et je veux que ce soit
 la même de la part des personnes qui se solidarisent avec moi.
Encore armé et dangereux 
Pendant ma période de cavale, la police et les médias me 
définissaient comme « dangereux et armé ». J’ai confirmé cela dans un 
texte (Lukas Borl in viewfinder of the police). Au moment de mon 
interpellation, la police m’a pris ma gazeuse de défense, mon poing 
américain, un pistolet à gaz avec deux chargeurs et 23 recharges (ces 
armes peuvent être achetées légalement en République Tchèque, sans un 
permis de port d’arme). Maintenant ils me gardent en taule. Je maintiens
 que je suis encore armé et dangereux. Dangereux (pour la capitalisme) 
parce que, même derrière ces barreaux, je refuse de m’adapter aux 
conditions d’exploitation et j’encourage d’autres à se rebeller contre 
celles-ci. Je suis encore armé, grâce à ma volonté d’être solidaire. 
Jusqu’à présent, ils ne sont pas parvenus à me l’enlever et l’ont 
considéré comme quelque chose d’important pour les poursuites 
criminelles. La solidarité et l’esprit de révolte sont des armes que 
j’ai encore en moi et que je suis prêt à utiliser. Je l’ai déjà fait, je
 le fais et je continuerai à le faire.
Terrain de lutte
En tant qu’anarchiste, j’ai toujours été conscient de la possibilité 
d’être arrêté. Après tout, chaque régime supprime ses opposants de cette
 manière. Maintenant, je suis en détention préventive mais je ne 
considère pas cela comme la fin de mon parcours anarchiste. La prison 
est simplement une des nombreuses étapes qu’un révolutionnaire peut 
(mais ne doit pas nécessairement) traverser. Ce n’est pas la fin. Juste 
un changement de circonstances et du terrain où je lutterai à présent 
contre les oppresseurs. Ça me fait plaisir de pouvoir continuer à 
combattre au côté d’autres anarchistes. Avec ceux qui comprennent que la
 lutte collective est la seule issue pour sortir du marécage 
capitaliste.
Actions de solidarité 
Tou.te.s ceux/celles qui sentent le besoin de me soutenir peuvent 
choisir leur façon et temporalité, selon leurs propres considérations. 
Je ne dirai à personne quoi faire, ni comment. Mais clairement je ne 
veux voir personne, sans mon consentement, renier des actions directes 
faites en solidarité à mon encontre. Si je ne suis pas d’accord avec une
 action, je le dirai moi-même, si je le considère important.
Un conseil pour ceux/celles qui ont des doutes sur quel type d’action
 serait la bienvenue : prenez des informations sur mon passé, pour 
comprendre quelle sont mes positions idéologiques. Si cela vous fait 
sens. De cette manière vous pourrez mettre de côté tout doute sur quel 
type d’action serait la bienvenue pour moi et quel type ne le serait 
pas. Pas de temps à perdre.
Aucune paix sociale avec ceux/celles qui nous oppriment et nous exploitent. La lutte continue !
Salutations anarchistes depuis la taule.
Salutations anarchistes depuis la taule.
Votre frère, ami, compagnon Lukáš Borl 
11.9.2016, Litoměřice
11.9.2016, Litoměřice
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Répression dans la soi-disante République Tchèque
Anti Fenix (traduction reçue par mail) / avril 2018


Sur un mur de la prison de Prague. « La répression n’arrêtera pas le désir de liberté ! »
Les répressions et la surveillance policière dirigées contre les 
mouvements anti-autoritaires et subversifs ont toujours été présents. 
Ces dernières années, nous avons pu en faire l’expérience à une échelle 
jusqu’alors inconnue dans le contexte et l’histoire de la 
République Tchèque, avec coup monté, des accusations de terrorisme, 
large diabolisation médiatique, tentatives de diviser le mouvement, 
propagation de la paranoïa, emprisonnement et de longues et exténuantes 
audiences pénales. « L’Opération Fenix », le nom donné par la 
police à l’opération de provocation policière qui a eu lieu, a un 
rapport avec d’autres mesures répressives dans des contextes d’Europe et
 d’Amérique du Nord. Particulièrement parce que le status quo utilise la
 tactique de diviser pour mieux régner, au cœur même de ses sens et 
objectifs. Nous espérons que cette chronologie vous aidera à mieux 
comprendre notre expérience et à savoir à quoi vous attendre à l’endroit
 où vous vivez et où vous vous organisez.
28 avril 2015 : Les mesures répressives majeures ont débuté. 
Tôt le matin, la police perquisitionne plusieurs maisons, ainsi que le 
centre social Ateneo dans la ville de Most. Ils confisquent plusieurs 
outils informatiques, notamment un serveur qui hébergeait des pages web 
radicales et du matériel imprimé. Ils arrêtent 11 personnes et de 
nombreuses autres sont convoquées pour un interrogatoire. Les personnes 
furent obligées de donner leur ADN et leurs empruntes digitales, contre 
leur volonté. Trois anarchistes, Petr, Martin et Aleš sont placés en 
détention provisoire. La police garde le silence total sur les 
informations concernant l’affaire.
Mai 2015 : Petr, Martin, Aleš et Sasa (Sasa n’était pas placé 
en détention provisoire) sont accusés de conspiration en vue de la 
préparation d’une attaque terroriste sur un train transportant de 
l’équipement militaire. Deux autres anarchistes sont accusés d’être des 
co-conspirateurs, étant au courant du projet d’attaque, mais ne l’ayant 
dénoncé à la police. Malgré le silence sur l’affaire, les médias 
publient l’information fuitée selon laquelle l’objectif officiel de 
l’opération Fenix est de révéler et de se débarrasser du Réseau de 
Cellules Révolutionnaires, un groupe qui a incendié de nombreux 
véhicules de police, barrières de péage, ainsi que les véhicules d’un 
patron et propriétaire de restaurant qui ne payait pas les salaires.
Le collectif AntiFenix est fondé en tant que groupe de 
radicales-aux qui sentent qu’on ne peut pas rester calmes face à une 
telle répression. AntiFenix coopère de près avec l’Anarchist Black 
Cross, avec une attention particulière sur les événements autour de la 
répression immédiate de retour à la maison.
6 mai 2015 : Après trois ans d’existence, le squat Cibulka est
 expulsé. L’expulsion est une énorme et coûteuse opération policière, 
avec plus de 120 flics anti-émeute lourdement équipés.
L’information sur le coup monté est diffusée.
6 juin 2015 : Les médias sont remplies d’informations selon 
lesquelles une maison du ministre de la défense de République Tchèque a 
été attaquée avec plusieurs cocktails molotov. Il n’y a pas eu de feu, 
les pompiers n’ont pas été appelés et la femme du ministre a trouvé les 
bouteilles plus de 24 heures après « l’attaque » et a ensuite appelé la 
police. Les anarchistes se demandent si cette attaque visible et 
suspecte aura des conséquences et se tournera contre nous.
Juin 2015 : L’information sur le coup monté est diffusée. Le 
groupe accusé de conspiration était infiltré depuis 2014 déjà par deux 
agents provocateurs qui ont gagné leur confiance. Les agents 
enregistraient les réunions avec pour but de développer un plan afin de 
commettre des actions plus combatives, pour pouvoir commencer 
l’opération répressive contre le mouvement. En dépit de l’affirmation de
 la police, selon laquelle toute l’opération a détruit le Réseau de 
Cellules Révolutionnaires (un groupe insurrectionnel), les sabotages et 
incendies contre la police et les capitalistes continuent, et leur 
nombre augmente.
26 juin 2015 : Un autre anarchiste, le compagnon Igor S. est 
arrêté et reste en détention provisoire, accusé de l’attaque incendiaire
 contre la maison du ministre de la défense de République Tchèque. 
Aucune preuve n’est fournie, et cependant les conditions les plus 
strictes lui sont imposées.
9 août 2015 : Aleš, un des quatre anarchistes emprisonnés, 
sort de prison alors qu’il était en préventive. La police abandonne 
l’accusation d’attaque terroriste et l’accuse de port illégal d’armes [NdT : 310 000 personnes possèdent un permis de port d’arme en République Tchèque],
 accusation basée sur la perquisition de son domicile. Après plusieurs 
mois, Aleš est déclaré coupable et écope d’un contrôle judiciaire pour 
ce délit. Aleš ne fait pas appel de la décision de la Cour.
Fin d’été 2015 : Un autre anarchiste, Lukáš Borl, prend la 
décision de passer en clandestinité, à cause de la surveillance et du 
harcèlement policier envers lui et celles et ceux qu’il aime.
25 septembre 2015 : Igor est libéré sous caution de sa détention provisoire. Petr et Martin restent en prison.
Novembre 2015 : Petr est libéré de prison grâce aux manquements dans la procédure et au bon travail de son avocat.
Hiver 2015 : La police publie sur internet un profil de Lukáš 
Borl, comme étant « Recherché » et affirme qu’il est dangereux et armé. 
Nous considérons ce moment comme étant le début de Fenix 2.
5 avril 2016 : La police débarque dans l’appartement de nos 
compagnon-nes à Prague. La raison officielle est la recherche de Lukáš 
Borl. Le jour suivant, le 6 avril, les flics pénètrent dans un autre appartement à Brno, donnant la même raison pour réaliser la perquise.
26-27 avril 2016 : Les premières audiences au tribunal depuis 
le début de Fenix débutent. Pendant ce grand moment de théâtre 
judiciaire, l’affaire concernant Igor S. est close à cause du manque de 
preuves, ce qui est intéressant à la lumière de la décision de la Cour 
de première instance du sixième district de Prague, de changer la 
classification de l’acte et de l’accusation de terrorisme. Néanmoins, 
comme punition pour un graffiti solidaire sur un mur de prison, Igor 
écope de 2 années de déportation hors de République Tchèque – après que 
le proc’ a demandé une déportation et de 4 à 8 mois de prison. Igor fait
 immédiatement appel.
9 juin 2016 : Martin commence une grève de la faim pour 
protester contre sa détention, contre l’opération Fenix et les mauvaises
 conditions en prison, telles que l’isolement des activités sociales et 
sportives, et contre le non-respect de son régime vegan de la part de la
 cantine de la prison. Martin arrête la grève après 10 jours, en raiosn 
de la mauvaise santé de sa mère.
20 juillet 2016 : La Haute Cour change la punition de Igor. Il
 est toujours reconnu coupable d’avoir enregistré quelqu’un qui taguait 
les murs de la prison. Au lieu de la déportation, il est banni de tous 
les événements anarchistes publiques pour une durée de 3 ans. Utilisant 
cette punition comme un outil de contrôle, la police coopère avec le 
service de liberté surveillée et bannit Igor de tous les événements ou 
actions qu’elle considère comme anarchiste – des Food not bombs aux 
manifs, à n’importe quel événement publique annoncé dans un espace 
gauchiste ou anarchiste, aux concerts ou aux discussions ; pour faire sa
 liste mensuelle des événements dont il est interdit, la police utilise 
la page internet radar.squat.net.
Août 2016 : Début des seconde et troisième audiences des anarchistes accusés dans l’opération Fenix.
3 août 2016 : La police débarque à nouveau 
dans le même appartement à Brno, comme lors du 6 avril 2016, à la 
recherche de Lukáš Borl. Pareil que pour la fois précédente, ils 
n’avaient aucune autorisation officielle.
4 septembre 2016 : Lukáš Borl est arrêté à Most, ville où il 
réside après une année en clandestinité, et placé en détention 
préventive avec l’accusation de fonder, soutenir et faire la promotion 
d’un mouvement ayant pour objectif la suppression des droits et de la 
liberté humaines, de chantage, ainsi que d’attaques incendiaires.
27 septembre 2016 : Après 17 mois de détention
 préventive, Martin L. est relâché sur décision de la cour 
Constitutionnelle concernant l’illégalité de n’importe quel prolongement
 de son incarcération.
Automne, hiver 2016 : Auditions de l’affaire Fenix. De 1 à 5 anarchistes sont accusé-es d’une attaque terroriste contre le train.
13 avril 2017 : Lukáš Borl est libéré sous caution de détention préventive après 7 mois d’emprisonnement.
24 avril 2017 : Petr Blahuš, membre de la Cour, en est exclu 
pour non-objectivité. Il s’est avéré qu’il a travaillé pendant 13 ans 
avec la même unité de police, celle qui a en fait créé l’opération 
Fenix.
10 mai 2017 : Igor est totalement innocenté. Selon la Cour 
Suprême et la sixième administration de la ville de Prague, il n’a pas 
commis ne serait-ce que le moindre délit. Le Ministre de l'(in)justice 
s’excuse des actions illégales de la police et paye une compensation 
d’envergure d’environ 14,000 euros.
Juin 2017 : La police débarque avec de nouvelles accusations 
dans l’affaire Fenix 2, accusant 4 personnes supplémentaires, toutes et 
tous accusé-es de 16 crimes au total. La police fait un lien entre ces 
quatre personnes et Lukaš et les accuse « d’établir, de supporter et de 
diffuser un mouvement visant à la suppression des droits humains et de 
la liberté » pour avoir mis des communiqués en ligne ou pour avoir 
certaines brochures chez elles et eux.
22 septembre 2017 : Le tribunal de Prague innocente de toutes 
les accusations les anarchistes accusés par Fenix 1 (l’attaque contre le
 train). L’avocat d’État fait immédiatement appel. Toute l’affaire ira 
en Cour Suprême. Il y a toujours une possibilité de peine de prison, 
dont de la prison à vie pour deux personnes. Les médias ont changé de 
discours et sont généralement neutres quant aux accusés, ils écrivent 
sur les provocations policières.
27 mars 2018 : La Cour Suprême de Prague confirme 
l’acquittement de toutes et tous les accusé-es. Le plus probable, c’est 
que c’est la fin de la première partie de l’opération Fenix, mais pas de
 la répression en tant que telle. On reste attentif-ve-s..
FENIX EST-ELLE TERMINÉE ? QUE VA-T-IL ARRIVER ENSUITE ?
Igor est totalement innocenté, les anarchistes accusés par Fenix 1 
ont totalement gagné le premier cas, vont-illes donc arrêter de nous 
appeler terroristes ? Eh bien, l’un de nos efforts est de faire une 
compréhension commune, que la manière dont nous labelle les institutions
 répressives ne pose pas vraiment de problème. Ce n’est pas vraiment 
notre tâche de nous battre contre les grands médias et de prouver que 
nous ne sommes pas des terroristes ou des extrémistes. On peut plutôt 
penser à comment se connecter avec des personnes autour de nous et 
continuer d’expliquer pourquoi un objectif de créer de vraies 
communautés basées sur l’entraide et la solidarité a toujours été et 
sera toujours en conflit avec l’État et ses institutions répressives.
Pour beaucoup d’entre nous, le verdict de la Cour est un soulagement. On peut respirer pour un moment, se voir pour dîner et voir nos ami-es dans un état d’esprit plus relaxé, hors des murs de la prison. Ces moments sont importants dans la vie et c’est chouette que l’on puisse en profiter. La Prison est une institution inutile, elle divise les relations, isole les gens et détruit des vies. C’est pourquoi le verdict, peut importe à quel point il soit plus plaisant que « coupable », n’est pas une victoire totale pour nous. Nous n’oublions pas ce que trois années d’investigations ont signifié. Aleš, Martin et Petr ont été emprisonnés pour 27 mois au total et Lukaš a passé un an en clandestinité et après ça 7 mois en prison. N’oublions pas Igor, aujourd’hui innocenté, qui fut cependant dans la plus dure des détentions provisoires pendant trois mois. Il doit toujours faire face à de difficiles restrictions et a du se signaler aux services de liberté surveillé pendant un an et demi. Par dessus le marché, il risque toujours une expulsion de République Tchèque à cause de son séjour en détention provisoire. Les familles, les ami-es et les personnes les plus proches des accusé-es et des emprisonnés tout autant que toutes celles et ceux directement affecté-e-s par l’affaire « Fenix » font face à un gros deal de pression émotionnelle et de séparation. Les perquisitions, les comportements menaçants, la surveillance, les expulsions. Pour résumer, il n’y a rien à fêter. Dans des affaires comme Fenix, il est nécessaire de comprendre ce dont il s’agit réellement. La police ne cherche pas essentiellement de longues peines de prison pour quelques anarchistes. Les unités de répression n’ont pas peur de nous tous-tes seuls-es. Ce qui les effraie c’est que de plus en plus de personnes peuvent en venir à s’identifier à nos idées, plus spécifiquement s’ils utilisent une plus large variété de tactiques. Les défenseurs du statu quo investissent beaucoup d’énergie et de ressources pour garder les gens dans la croyance que c’est la liberté dont ils et elles rêvent.
Nous avons appris une chose. Si nous voulons que nos actions et que notre façon de s’organiser soient vraiment efficaces et dangereuses pour les structures d’oppression qui nous gardent sous contrôle, cela doit venir de discussions collectives et de négociations (sic?) qui vont au delà des contours dans lesquels l’État s’assoit pour nous. Nous avons appris qu’il n’y a pas d’intérêt à se cacher face à la répression, il vaut mieux être prêt-e à lui faire face et créer les conditions qui rendront de telles opérations inefficaces.
Fenix n’est pas une opération visant quelques anarchistes naïf-ves, mais une attaque contre la subversion future dans sa totalité. Prenons soin des un-es les autres, pour être dangereux-euses ensemble.
Pour beaucoup d’entre nous, le verdict de la Cour est un soulagement. On peut respirer pour un moment, se voir pour dîner et voir nos ami-es dans un état d’esprit plus relaxé, hors des murs de la prison. Ces moments sont importants dans la vie et c’est chouette que l’on puisse en profiter. La Prison est une institution inutile, elle divise les relations, isole les gens et détruit des vies. C’est pourquoi le verdict, peut importe à quel point il soit plus plaisant que « coupable », n’est pas une victoire totale pour nous. Nous n’oublions pas ce que trois années d’investigations ont signifié. Aleš, Martin et Petr ont été emprisonnés pour 27 mois au total et Lukaš a passé un an en clandestinité et après ça 7 mois en prison. N’oublions pas Igor, aujourd’hui innocenté, qui fut cependant dans la plus dure des détentions provisoires pendant trois mois. Il doit toujours faire face à de difficiles restrictions et a du se signaler aux services de liberté surveillé pendant un an et demi. Par dessus le marché, il risque toujours une expulsion de République Tchèque à cause de son séjour en détention provisoire. Les familles, les ami-es et les personnes les plus proches des accusé-es et des emprisonnés tout autant que toutes celles et ceux directement affecté-e-s par l’affaire « Fenix » font face à un gros deal de pression émotionnelle et de séparation. Les perquisitions, les comportements menaçants, la surveillance, les expulsions. Pour résumer, il n’y a rien à fêter. Dans des affaires comme Fenix, il est nécessaire de comprendre ce dont il s’agit réellement. La police ne cherche pas essentiellement de longues peines de prison pour quelques anarchistes. Les unités de répression n’ont pas peur de nous tous-tes seuls-es. Ce qui les effraie c’est que de plus en plus de personnes peuvent en venir à s’identifier à nos idées, plus spécifiquement s’ils utilisent une plus large variété de tactiques. Les défenseurs du statu quo investissent beaucoup d’énergie et de ressources pour garder les gens dans la croyance que c’est la liberté dont ils et elles rêvent.
Nous avons appris une chose. Si nous voulons que nos actions et que notre façon de s’organiser soient vraiment efficaces et dangereuses pour les structures d’oppression qui nous gardent sous contrôle, cela doit venir de discussions collectives et de négociations (sic?) qui vont au delà des contours dans lesquels l’État s’assoit pour nous. Nous avons appris qu’il n’y a pas d’intérêt à se cacher face à la répression, il vaut mieux être prêt-e à lui faire face et créer les conditions qui rendront de telles opérations inefficaces.
Fenix n’est pas une opération visant quelques anarchistes naïf-ves, mais une attaque contre la subversion future dans sa totalité. Prenons soin des un-es les autres, pour être dangereux-euses ensemble.
LA SOLIDARITÉ EST NOTRE ARME
Dans cette chronologie nous nous sommes concentré-es sur des 
événements menés par l’État et ses institutions pour éclairer ce qu’on a
 traversé. Ça ne veut pas dire que nous devrions nous concentrer et agir
 en fonction de l’oppresseur. Une des plus grande tâches pour nous en 
tant qu’abolitionnistes est d’analyser les motifs de la répression 
partout dans le monde et de transformer notre organisation en une qui 
soit proactive plutôt que coincée dans la réaction constante. Nous 
n’avons pas mis les différentes événements et actions solidaires dans 
cette chronologie parce que les informations sur la répression se 
seraient presque dissoutes dans toutes les petites actions locales qui 
ont lieu partout dans le monde. Cependant, nous voulons toujours rester 
critiques. Au début, quand les choses ont mal tourné, il y eut une 
grande confusion, un manque de solidarité et une assez grande division 
au sein de la scène anti-autoritaire. Ce que nous avons trouvé de plus 
important, c’était d’assurer la solidarité avec les accusé-es et celles 
et ceux qui les entourent, et principalement de briser la peur et la 
paranoïa qui s’est rapidement diffusée au sein de la scène de gauche. 
Nous sentons surtout la nécessité de nous étendre comme un pont au 
dessus des espaces entre les différents groupes et les différentes 
approches, pour en venir à une compréhension qu’il nous faut rester 
uni-es au delà de nos différences quand il s’agit de répression. Nous 
pensons que créer une défense forte contre la répression ainsi qu’une 
base solide de solidarité passe par la compréhension de la répression et
 de ses objectifs, ainsi qu’en s’éduquant les un-es les autres au niveau
 local et international avec une attention portée sur l’amélioration de 
la culture de la sécurité.
En tant qu’Anarchist Black Cross/AntiFenix nous avons tenu plusieurs présentations et discussions sur différents sujets, publié plusieurs affiches, brochures et autocollants. Nous maintenons un contact avec les compagnon-nes persécuté-es et leur familles et les soutenons émotionnellement et matériellement par les collectes, des nuits d’écritures de lettre, du bruit ou d’autres manifestations etc…
Dès le début de Fenix, nous avons pu voir de nombreuses actions se tenir partot dans le monde. Des banderoles, des tags, des manifs, des actions aux ambassades tchèques jusqu’aux incendies de voitures de flics, aux banques enflammées ou la libération de visons et d’autres sabotages de fermes à fourrure. Les tactiques sont autant diverses que nous le sommes, et de nombreuses différentes actions et activités peuvent être connectées avec la solidarité et il est important d’agir en solidarité avec différentes luttes et parmi les un-es les autres.
En tant qu’Anarchist Black Cross/AntiFenix nous avons tenu plusieurs présentations et discussions sur différents sujets, publié plusieurs affiches, brochures et autocollants. Nous maintenons un contact avec les compagnon-nes persécuté-es et leur familles et les soutenons émotionnellement et matériellement par les collectes, des nuits d’écritures de lettre, du bruit ou d’autres manifestations etc…
Dès le début de Fenix, nous avons pu voir de nombreuses actions se tenir partot dans le monde. Des banderoles, des tags, des manifs, des actions aux ambassades tchèques jusqu’aux incendies de voitures de flics, aux banques enflammées ou la libération de visons et d’autres sabotages de fermes à fourrure. Les tactiques sont autant diverses que nous le sommes, et de nombreuses différentes actions et activités peuvent être connectées avec la solidarité et il est important d’agir en solidarité avec différentes luttes et parmi les un-es les autres.
[Traduit d’une affiche publiée en plusieurs langues, avril 2018.]
 
 
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