Alors que le mouvement des Gilets jaunes commence à se structurer
et, du fait des miettes jetées aux pigeons par le chef de l’État, est un
peu à la croisée des chemins (continuera ou pas ?), il nous a semblé
intéressant de proposer notre point de vue, dont on espère qu’il
contribuera à alimenter les discussions sur la nécessaire vigilance à
l’égard des nouvelles stratégies nationalistes partis à l’assaut des
mouvements sociaux.
S’inquiéter de la présence de l’extrême droite dans le mouvement des
gilets jaunes entraîne inévitablement un certain nombre de critiques :
ce serait une façon de dénigrer un mouvement populaire, voire le reflet
d’un mépris de classe qui voudrait que les gilets jaunes soient
forcément des racistes prêts à suivre le premier facho venu. Il est donc
nécessaire de rappeler que nous, antifascistes anticapitalistes, sommes
capables de faire la part des choses, et de proposer, comme n’importe
qui, des analyses de ce mouvement sous un angle particulier, celui de la
lutte contre l’extrême droite, sans qu’elles soient simplistes,
réductrices ou moralisatrices.
Si nous pensons qu’il est plus que nécessaire de rappeler le rôle
nuisible de l’extrême droite dans un mouvement de ce type, c’est parce
que justement nous pensons que tout n’est pas joué. Pour construire
quelque chose au-delà de la colère, les gilets jaunes vont devoir se
rassembler autour d’un certain nombre de valeurs : et c’est là que non
seulement nous ne croyons plus au mariage de la carpe et du lapin, mais
que la question de la pénétration des idées d’extrême droite est
cruciale. Car il est malheureusement à craindre qu’une colère légitime
qui ne s’affirmerait pas dans la défense d’une société égalitaire et
ouverte, débouche finalement sur un durcissement du régime et de ses
institutions, avec en prime un détournement du ressentiment populaire en
direction des populations les plus fragiles, migrant.es en tête.
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